L’eau douce est très inégalement répartie sur la planète. Certaines régions du monde, notamment l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, n’en disposent pas suffisamment. Ces régions souffrent de pénuries d’eau chaque année de plus en plus grave. C’est une conséquence de la croissance rapide de la population, mais également de la mauvaise gestion des ressources en eau et de la pollution.
Les barrages et pompages d’eau destinés aux besoins agricoles peuvent localement entrer en conflit avec les besoins humains. Au cours du siècle dernier, les prélèvements d’eau douce dans le monde ont augmenté deux fois plus vite que la population mondiale, qui a elle-même plus que triplé.
Les besoins toujours croissants en eau font de son accès un enjeu économique et politique. La plupart des grands fleuves mondiaux sont transfrontaliers : ils traversent les territoires de différents États. Les habitants de pays voisins se partagent donc ces ressources en eau, indispensables à la vie et aux activités humaines. Des désaccords sur la répartition de cette ressource déclenchent régulièrement des conflits dans le monde. L’eau devient alors un instrument de pouvoir aux mains des pays situés en amont des cours d’eau, qui peuvent en maîtriser le débit. Au Moyen-Orient, l’eau est par exemple au cœur des conflits entre Israël et la Palestine.
L’impossibilité d’accès à l’eau potable d’une grande partie de la population mondiale a des conséquences sanitaires graves. Ainsi, un enfant meurt toutes les 5 secondes ; des millions de femmes s’épuisent en corvées d’eau ; entre 40 et 80 millions de personnes ont été déplacées à cause des 47 455 barrages construits dans le monde, dont 22 000 en Chine. Plus de 4.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de diarrhées liées à l’absence d’assainissement et d’un manque d’hygiène ; chaque année, 443 millions de jours de scolarité sont perdus à cause d’infections transmises par l’eau insalubre.
Aujourd’hui, 20 % des êtres humains n’ont pas accès à de l’eau potable, à cause de la pollution et de la contamination des eaux. Ainsi, 8 millions de personnes meurent chaque année d’une maladie liée à l’eau, soit 15 personnes par minute. » L’absence d’eau tue dix fois plus que les guerres « , déclaration du Président du Conseil mondial de l’eau (organisme lié à l’ONU), avant la tenue du quatrième Forum mondial de l’eau à Mexico (2006). Selon le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), près de trois milliards de personnes seront victimes de la pénurie d’eau en 2025 si aucune action d’envergure n’est mise en place.
L’eau douce de la Terre appartient à tous, et elle est nécessaire à la vie, mais plus d’un milliard d’hommes et de femmes en manquent cruellement aujourd’hui. La notion de “droit à l’eau” est ainsi au cœur des débats internationaux : un accès minimum équitable à l’eau salubre est l’un des droits fondamentaux des êtres humains.
En 1977, lors de la première conférence sur l’eau à Mar del Plata en Argentine, l’eau a été définie comme un “bien commun”, auquel chaque individu à un droit d’accès. Les rencontres internationales se sont ensuite multipliées pour évoquer la dégradation des réserves en eau, le risque de pénurie et les difficultés d’accès à l’eau potable dans de nombreux pays. Ainsi, l’objectif principal défini au sommet de Johannesburg en 2002, consiste à réduire de moitié, d’ici 2015, le nombre de personnes n’ayant accès ni à une eau potable salubre, ni à des services d’assainissement de base. Le 4ème forum mondial de l’eau, qui s’est déroulé à Mexico en mars 2006, avait pour but de répondre à cet objectif, en s’appuyant sur des actions locales pour améliorer la gestion de l’eau.
La notion du “droit à l’eau” s’accompagne de celle du “prix de l’eau”. L’eau fait l’objet d’une vision marchande et fut déclarée “bien économique” en 1992 à la conférence de Dublin. Au cours du deuxième forum mondial de l’eau en 2000, la question de la privatisation de l’eau a été soulevée. Vu les difficultés financières des pays en voie de développement, le Conseil mondial de l’Eau recommande de confier l’exploitation de l’eau potable à des compagnies privées et de lui attribuer un prix, payé par les consommateurs. De nombreuses associations s’opposent à la privatisation de l’eau car le paiement de cette ressource vitale restera hors de portée des populations les plus pauvres, celles-là même qui en manquent le plus.
L’eau, mal répartie sur la planète, est également amplement gaspillée et polluée par l’usage économique qu’il en est fait. Les dirigeants mondiaux reconnaissent qu’une gestion de l’eau à l’échelle de la planète est nécessaire pour que cette ressource soit partagée et distribuée à l’ensemble de la population. Cependant, ces déclarations politiques ont jusqu’à présent du mal à se traduire par des actions concrètes et efficaces.
Alors que la population mondiale doit apprendre à mieux gérer et partager l’eau, cette ressource vitale est devenue un réel enjeu économique et politique.