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LES MATHS AU TRIBUNAL Quand les erreurs de calcul font les erreurs judiciaires

Les Maths au tribunal. Quand les erreurs de calcul font les erreurs judiciaires

SCHNEPS Leila, COLMEZ Coralie
SEUIL (Science ouverte), 2015
ISBN : 9782021104394

Et si votre vie dépendait d’un calcul de probabilités ?

Dans nombre de procès importants, des arguments statistiques erronés ont été utilisés aux fins de démontrer la culpabilité des accusés. Chaque chapitre de ce livre illustre une erreur mathématique courante responsable d’erreurs judiciaires passionnantes. La célèbre affaire Dreyfus aussi bien que le récent et très médiatisé procès d’Amanda Knox figurent parmi les cas étudiés, qui vont du meurtre au vol, du scandale financier à la discrimination sexuelle, des usages de faux aux affaires d’espionnage.

Mettant en lumière les risques d’un usage incontrôlé des mathématiques devant les tribunaux, les auteures pointent les écueils d’une argumentation purement quantitative, par-delà même les fautes de raisonnement plus ou moins grossières commises par les experts (souvent autoproclamés). Le lecteur appréciera sans aucun doute leur style alerte, leur souci de la précision et leur sens du suspense.

Leila Schneps est une mathématicienne américaine réputée, directrice de recherche au CNRS (Paris). Elle est également auteure de romans policiers.

Coralie Colmez, sa fille, travaille en Angleterre à la diffusion des mathématiques.

Les deux auteures ont elles-mêmes procédé à la traduction de l’anglais en français de leur texte.

Critique documentaire
Il n’est pas fréquent de voir des affaires judiciaires décortiquées sous l’angle des mathématiques, de leur usage dépravé par méconnaissances, théoriques ou pratiques. Et comme les mathématiques fournissent de commodes arguments d’autorité, les erreurs s’enchaînent. D’un style alerte, précis, manié avec un sens certain du suspense et de l’humour, les auteures présentent des histoires, incroyables mais véridiques en variant les thèmes : du procès politique (Dreyfus), aux vol, discrimination sexuelle, scandale financier, usage de faux, espionnage, les exemples abondent. Chacun de ceux-ci constitue le sujet d’un des dix chapitres du livre. La plume est vive, la lecture accessible, même pour qui les maths sont des repoussoirs. La conclusion est limpide : nécessaires, les argumentations quantitatives ne sauraient être utilisées de manière absolue ; elles se doivent d’être soumises à la critique pratique, théorique, contextuelle. Tout juré, tout citoyen se doit de garder l’esprit en éveil et de ne considérer les experts (souvent autoproclamés) que comme témoins.

Critique scientifique
Les deux mathématiciennes auteures de ce livre soumettent à la question l’utilisation de nombres, de statistiques, de probabilités, dans enquêtes et procès. Pour montrer à quoi peut conduire la mauvaise utilisation des mathématiques, elles prennent l’angle des erreurs judiciaires commises en raison de mauvais usages des techniques de calcul. Elles peuvent ainsi identifier les principales erreurs commises dans le passé et construire une typologie qu’elles ordonnent selon la complexité des concepts utilisés : du mauvais placement d’une virgule par un expert autoproclamé ou de l’analyse graphologique à l’utilisation non pertinente des probabilités. Au delà des dix catégories d’erreurs qu’elles distinguent, les auteures montrent combien la méconnaissance des principes et de l’usage des mathématiques dans notre vie quotidienne peut être dangereuse pour la démocratie. Toutes les données, quand elles sont utilisées comme arguments d’autorité, visent souvent à nous influencer plutôt qu’à nous informer.

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