FAUT-IL AVOIR PEUR D’ÊTRE FICHÉ ?
LEVY Arnaud
LAROUSSE (À dire vrai), 2010
ISBN : 9782035848086
Critique documentaire
L’auteur de ce petit livre est un journaliste indépendant qui veut prendre le parti d’éclairer le débat entre les conceptions antagonistes des rapports sécurité/libertés que posent la constitution et l’usage des fichiers. Pour cela, il divise son travail en neuf petits chapitres écrits de manière vive et précise, possédant des sous-paragraphes titrés et une bibliographie composée de textes grand public et de rapports de commissions de défense des libertés. Le travail commence par montrer l’usage abusif ou dévié des fichiers par le Roi, l’Empereur, la République, Vichy, la multiplication des fichiers. Il se recentre ensuite sur ce que la police prend en compte pour établir les fichiers puis les contrôler, les influences qui altèrent le débat, les peurs des fichiers informatiques ou génétiques, les exemples venus d’ailleurs telle la Grande-Bretagne, le développement des traçages par cartes ou appareils connectés. Les fichiers de l’Education Nationale, les données récupérées par les multinationales de l’informatique ne sont pas oubliées. Tout ceci pour énoncer un propos final assez lénifiant : « encadrer, contrôler, équilibrer » serait le but à atteindre et, pour cela « les consciences individuelles se révèlent un rempart efficient contre l’arbitraire ».
Critique scientifique
Ce livre énonce et décrit. Voulant se présenter comme objectif, il fait la balance entre ce qui paraît abusif, les dysfonctionnements, les abus et ce qui relève de la gestion d’une société organisée. Ce faisant, il vise surtout à rassurer et à relativiser. Mais, malgré une bibliographie qui elle aussi est un équilibre entre ouvrages neutres, partisans des contrôles de la population ou, au contraire, de l’encadrement du recours à l’accumulation de données, on ne trouve guère d’analyse dans l’ouvrage. Des survols, des exemples individuels, des citations, voire des anecdotes. Rien qui puisse sérieusement alimenter le débat démocratique en forgeant des dissensus, qu’il faudrait penser.