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FAUT-IL AVOIR PEUR D’ÊTRE FICHÉ ?

Faut-il avoir peur d'être fiché ?

LEVY Arnaud
LAROUSSE (À dire vrai), 2010
ISBN : 9782035848086

58 fichiers de police et de gendarmerie ont été recensés en 2009, dont un quart resterait pour l’instant dépourvu de tout encadrement légal. Ainsi, le plus important d’entre eux, le Système de traitement des infractions constatées (STIC) où sont inscrites 5,5 millions de personnes, n’a été rétroactivement légalisé par la loi qu’en 2003, alors qu’il existait depuis la fin des années 1980. Erreurs de saisie, transmission de certaines informations à des organismes privés, prise en compte d’incrimination aussi floues que celle d’atteinte à l’ordre public… Les adversaires de ce type de contrôle, étendu à l’ensemble de la société, ne manquent pas d’arguments. Au risque d’un peu de démagogie ?

Critique documentaire
L’auteur de ce petit livre est un journaliste indépendant qui veut prendre le parti d’éclairer le débat entre les conceptions antagonistes des rapports sécurité/libertés que posent la constitution et l’usage des fichiers. Pour cela, il divise son travail en neuf petits chapitres écrits de manière vive et précise, possédant des sous-paragraphes titrés et une bibliographie composée de textes grand public et de rapports de commissions de défense des libertés. Le travail commence par montrer l’usage abusif ou dévié des fichiers par le Roi, l’Empereur, la République, Vichy, la multiplication des fichiers. Il se recentre ensuite sur ce que la police prend en compte pour établir les fichiers puis les contrôler, les influences qui altèrent le débat, les peurs des fichiers informatiques ou génétiques, les exemples venus d’ailleurs telle la Grande-Bretagne, le développement des traçages par cartes ou appareils connectés. Les fichiers de l’Education Nationale, les données récupérées par les multinationales de l’informatique ne sont pas oubliées. Tout ceci pour énoncer un propos final assez lénifiant : « encadrer, contrôler, équilibrer » serait le but à atteindre et, pour cela « les consciences individuelles se révèlent un rempart efficient contre l’arbitraire ».

Critique scientifique
Ce livre énonce et décrit. Voulant se présenter comme objectif, il fait la balance entre ce qui paraît abusif, les dysfonctionnements, les abus et ce qui relève de la gestion d’une société organisée. Ce faisant, il vise surtout à rassurer et à relativiser. Mais, malgré une bibliographie qui elle aussi est un équilibre entre ouvrages neutres, partisans des contrôles de la population ou, au contraire, de l’encadrement du recours à l’accumulation de données, on ne trouve guère d’analyse dans l’ouvrage. Des survols, des exemples individuels, des citations, voire des anecdotes. Rien qui puisse sérieusement alimenter le débat démocratique en forgeant des dissensus, qu’il faudrait penser.

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